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Aujourd'hui, je vous présente une école un peu speciale, enfin pas tant que ça au Danemark, elle est même très répandue : l'école dans la forêt ! Ici pas de tableau noir, pas de pupitre et encore moins l'interdiction de sortir dès qu'il pleut, les enfants passent toute la journée dehors, quelle que soit la température ou la météo. Une belle école de la vie où responsabilisation, apprentissage et découverte rythment les journées souvent épuisantes mais très riches ! Ça se passe au Danemark et je vous y emmène dans cet article où Mani fait sa rentrée à l'école dans la forêt.
Mani a 3 ans et demi. Il est né d’une maman française et d’un papa danois. Et comme bien d’autres enfants au Danemark, il se rend chaque jour à la maternelle… attendez, dans la forêt ?! Lorsqu’un an plus tôt, la crèche m’a expliqué que Mani était sur le point de commencer la maternelle dans les bois, j’étais plutôt inquiète. Plutôt très inquiète même !
Ne fait-il pas un peu trop froid au Danemark pour qu’il passe toute la journée à l’extérieur ? Est-ce que ces mois d’école « buissonnière » ne vont pas lui faire prendre du retard sur les autres enfants au moment d’entrer au CP ?
Cette vie de trappeur ne va-t-elle pas lui faire prendre de mauvaises habitudes et le rendre incapable de rester assis, de se tenir au calme ou de lever le doigt avant de prendre la parole ? Autrement dit : peut-on véritablement apprendre des choses positives de cette vie champêtre et de ces journées passées à s’amuser en toute liberté ?
Le jour de la rentrée
Le jour de la rentrée dans la maternelle de la forêt est placé sous le signe du « hygge ». On nous accueille chaleureusement, autour d’une tasse de thé ou de café, de gâteaux faits maison et de « frikadeller » (boulettes de viande frites) que nous partageons en toute convivialité !
Un grand feu de camp a été allumé et, en arrivant, je suis émerveillée de voir toutes ces petites têtes blondes papotant entre elles au coin du feu. Cela promet !
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La journée de Mani à l’école de la forêt
Chaque matin, à 8h20 précises, le bus de la maternelle vient récupérer Mani et sa quarantaine de camarades dans le centre-ville de Copenhague. Chaque enfant a sa place attitrée, avec sa photo mais ça tourne de temps à autre.
Le trajet dure entre 20 et 30 min, pendant laquelle les bambins entonnent des chansons, écoutent des histoires ou observent tout simplement, ensemble, les paysages qui défilent.
Le bus ne reviendra que vers 16h. Afin de savoir ce que nos enfants ont fait de leur journée, on reçoit des notifications (photos, activités de la semaine, menus) à travers une application mobile. Cela permet d’anticiper l’état d’esprit dans lequel reviennent les enfants et de savoir quelles questions leur poser.
Un liberté (presque) totale
Une fois arrivés à destination, c’est très simple : les enfants jettent leur sac à dos par terre et se ruent vers la forêt (ou les prés, ou la plage…). Place à la liberté ! Bon, bien entendu, le périmètre auquel ils ont accès est délimité par une barrière.
Les adultes en charge ne peuvent donc pas voir en permanence ce que chacun des enfants fait. Et que font-il d’ailleurs ? Eh bien, livrés un peu à eux-mêmes, ils grimpent aux arbres, font des courses de vélo, de la balançoire debout ou encore escaladent le panier de basket. Ça crie, ça joue, ça se dispute : c’est la jungle !
Avec les adultes en charge (1 pour 4 enfants), ils font également des excursions dans la « vraie » forêt ou autre espace naturel (comme la plage parfois), au-delà du périmètre habituel. Ils y vont observer les arbres, compter les feuilles, découvrir et décrire les couleurs. Ils touchent la terre aussi, caressent le tronc d’un arbre et ouvrent grandes leurs esgourdes aux sons des bois. Parfois ils partent à la chasse aux mûres, visitent des sites historiques, vont au musée ou partent en direction de la plage. Tout est possible avec le magicobus !
Tout est expérience de la vie et de leurs sens.
Christopher, le pédagogue
Tous les parents se montrent un peu inquiets le premier jour où leur enfant entre à la maternelle de la forêt : « Y-a-t-il beaucoup d’accidents ? » est bien sûr LA question posée par tous. Eh bien, figurez-vous que non, il n’y a pas plus d’accident qu’ailleurs.
Les enfants, laissés très libres de leurs mouvements, font rapidement l’expérience de leurs limites, ils en ont conscience, construisent une confiance en eux et respectent ainsi les règles. C’est le même principe que la motricité libre pour les bébés. La vie en groupe leur apprend aussi à résoudre de façon pacifique et par eux-mêmes les conflits, sans faire constamment intervenir l’adulte.
Pour l’enseignant, l’important est que les enfants apprennent à vivre et évoluer en communauté. De 3 à 6 ans, ils passent du stade d’animal sauvage (« je te tape si tu prends mon jouet ») au stade d’animal social, de futur citoyen. L’école de la forêt mise beaucoup là-dessus.
En effet, avant d’apprendre à s’asseoir correctement, à écrire sans ratures ou à lire au calme, l’objectif est ici de comprendre et maîtriser d’abord les « comportements du quotidien ».
Le vendredi, la journée des jouets
Tous les vendredis, nos petits lutins ont le droit d’apporter un jouet de la maison à l’école. Cela permet à chaque enfant d’apprendre à faire attention à ses affaires et à partager avec ces camarades. Ils sont en général très fiers de pouvoir apporter leur jouets préférés, peluche ou costume. C’est une tradition qui anime la semaine puisque les petits lutins attendent avec impatience le vendredi pour cela!
La rentrée en CP pour les petits lutins des bois
En théorie, les enfants passés par une maternelle de la forêt développent des facultés de concentration et d’écoute bien plus élevées que chez les enfants issus de maternelles classiques. Et, aussi étrangement que cela puisse paraître, il s’agit donc des enfants les plus calmes et disciplinés au moment de la rentrée au CP.
Un peu comme si, finalement, ils avaient déjà reçu leur dose d’épreuves, de cris et d’air frais.
Les "enfants des bois" développent ces qualités que nous souhaitons tous retrouver chez un jeune enfant : l’imagination, l’indépendance, la capacité à écouter et comprendre les consignes, à travailler de façon autonome et en équipe et à participer à la cohésion de groupe.
« Il n’y a pas de mauvais temps, seulement des mauvais équipements » – proverbe danois.
Pour supporter cette vie en extérieur, par des temps parfois épouvantables, les enfants doivent être correctement équipés. À la mi-saison, ils porteront des sous-vêtements thermiques, qui protègent de la fraîcheur et de l’humidité. Par jour de pluie, ils enfilent ciré, pantalon de pluie et bottes en caoutchouc.
Cela ne doit pas vous étonner si votre enfant rentre couvert de boue ou avec de la terre jusqu’au creux des oreilles. C’est plutôt bon signe en fait !
Cela signifie que ce bout de chou s’est bien amusé et a profité à fond de cette grise journée. En hiver, la tenue de rigueur est la combinaison de ski (« flyverdragt »), associée à une paire de gants, un bonnet chaud, des chaussettes épaisses et un sous-vêtement en laine. De quoi affronter le froid et se rouler dans la neige sans faillir.
L’école de la forêt au Danemark en chiffres
La part de ces structures dans le système éducatif danois est conséquent :
- 350 maternelles en forêt
- 2 maternelles sur 10 sont des maternelles en forêt,
- 1 adulte (enseignant ou assistant) pour 3,5 enfants.
Pour aller plus loin
Découvrez le reportage de France 2 sur l'école dans la forêt.