
Donner naissance au Danemark

Les indispensables bébé pour la saison fraîche
Aujourd'hui, nous sommes le 7 juin et c'est la rentrée à l'école maternelle pour Karl qui fête ses 3 ans. C'est la règle ici, peut importe le moment de l'année, les enfants rentrent à l'école maternelle dès le jour de leur 3 ans. Mais ce n'est pas la seule particularité ! Nous vous proposons un panorama du système danois en 16 faits insolites. C'est parti !
7 juin : mon petit Karl a fait sa toute première journée à la maternelle. Accompagné de son grand frère Mani, c’est main dans la main qu’ils franchissent le portail de l’école, chacun son sac à dos et une casquette vissée sur la tête. Le meilleur copain de Karl est là lui aussi : ils étaient déjà ensemble à la crèche, mais lui a commencé la maternelle le mois dernier. C’est avec un sourire serein qu’il me dit au revoir en passant le portail…
La rentrée en maternelle pour les enfants danois
La maternelle à trois ans pile
Au Danemark, les enfants commencent le børnehave (« beurneuhèweu ») à trois ans, peu importe que l’on soit début janvier ou en plein mois de juin. Cela permet d’assurer un turn-over perpétuel dans les crèches du pays, où les places sont très demandées : les enseignants sont habitués à faire un travail d’intégration des nouveaux venus, tout au long de l’année.
Lire aussi l’article « La rentrée scolaire au CP au Danemark, 17 différences avec la France »
L’intégration en douceur
Pour les Danois, il est important que l’enfant ait plaisir à venir à la maternelle, dès le début. L’intégration se fait donc en douceur, et au rythme de l’enfant. Au programme, nous avons généralement :
- Premier jour : en général, l’un des parents reste à la maternelle avec l’enfant la matinée entière, puis les deux rentrent à la maison.
- Deuxième jour : à nouveau, le parent (le même que la veille) vient à la maternelle avec l’enfant, mais pourra s’absenter 1 heure pendant la matinée.
- 3ème jour : selon la réaction de l’enfant la veille, l’enfant restera seul mais la matinée seulement, encore une fois.
- Les jours qui suivent : l’enfant restera d’abord pour le repas, puis pour le repas et la sieste, jusqu’à ce qu’il soit prêt à faire des journées complètes.
En général, l’intégration ne prend guère plus d’une semaine, mais peut s’étendre jusqu’à trois semaines selon les capacités d’acclimatation de l’enfant. Le but est de ne pas pousser l’enfant à rester à l’école, mais d’aller à son rythme, de lui laisser le temps d’avoir lui-même envie de venir et rester !

Mani est fier de montrer à son frère Karl sa nouvelle école pour son premier jour !
Pas d’horaires ou de vacances scolaires
La maternelle est ouverte de 7h à 17h tous les jours. Les parents peuvent amener et récupérer les enfants quand ils le souhaitent, faire des demi-journées ou même prendre des journées off. Les crèches et maternelles au Danemark sont ouvertes absolument toute l’année, sauf jours officiellement fériés dans le pays (Noël, Jour de l’An, etc.). Les enseignants demandent juste aux parents d’indiquer suffisamment en avance la période de vacances souhaitée, afin de pouvoir organiser au mieux les congés du personnel.
L’organisation de la journée en maternelle au Danemark
Le goûter sucré interdit
Ici, les enfants viennent avec leur lunch-box, un goûter et une gourde. Dans tout le pays, la chasse aux sucres raffinés a été lancée il y a plusieurs années maintenant. Du coup, tous les goûters ultra-transformés (gâteaux, biscuits, barres de céréales, bonbons, etc.), généralement bourrés de sucre raffiné (appauvri ?) sont définitivement bannis des lieux scolaires. Le goûter des enfants consiste donc la plupart du temps en des carottes, concombres et poivrons crus coupés en bâtonnets, des fruits frais ou secs, ainsi qu’un sandwich au pain complet, avec du beurre de cacahuète, du jambon ou du fromage.

Maja prenant son goûter à l’école maternelle
Les couches acceptées
Au Danemark, nul besoin que les élèves soient « propres » pour intégrer une école maternelle. Dans ce pays, l’éducation privilégie le respect du rythme naturel de chaque enfant. Les membres de l’équipe d’enseignement continueront donc à changer la couche de l’enfant aussi longtemps que nécessaire. Il n’est pas du tout surprenant de voir des enfants porter des couches jusqu’à 4 ans : l’enfant finira bien par acquérir cette faculté !
Pas de siestes
En rentrant en maternelle, les petits Danois arrêtent progressivement de faire la sieste. On propose aux plus jeunes un moment de calme en classe, en milieu de journée, mais ils ne sont pas obligés d’y participer. D’autant que les plus grands sont en train de jouer dehors, et les plus petits veulent faire les mêmes choses que leurs aînés ! Du coup, d’eux-mêmes, les enfants prennent très vite de nouvelles habitudes de sommeil (à la plus grande surprise des parents !), avec un couché plus tôt et généralement plus rapide. Il faut bien compenser la perte de la sieste
La vie en extérieur des petits Danois
À quoi ressemble l’aire de jeu dans une école danoise ?
Toutes les crèches et maternelles du pays disposent d’un grand espace extérieur, avec plein de jeux et de modules : balançoires, toboggan, vélos, bac à sable, petite forêt, et bien d’autres ! Au Danemark, les enfants en maternelle passent l’essentiel de leurs journées à l’extérieur. Une fois par jour, on les rassemble en petits groupes d’enfants du même âge, pour faire des activités à l’intérieur : cours de yoga, activités créatives, lecture, jeu de société, etc.
Et quand il pleut ? Aucun problème : chaque enfant dispose d’un casier contenant ses affaires de pluie (bottes, pantalon et veste imperméables) à enfiler à la première ondée. Tout un programme !

L’aire de jeu de l’école maternelle de mes deux grands garçons, Mani et Karl
La maternelle dans la forêt
Dans le centre-ville des plus grosses communes, les maternelles ne bénéficient souvent que de peu d’espace sur place. Généralement, ces écoles s’exportent à l’extérieur de la ville et l’éducation se fait au vert ! Chaque jour, les parents amènent les enfants à l’école le matin, et un bus scolaire conduit les bambins à l' »école de la forêt », à 30/45 minutes de route de la ville. Pour les élèves, c’est classe verte tous les jours, à crapahuter en pleine nature (bon, la zone reste délimitée, les enfants ne vont pas s’enfuir !). J’avais justement écrit un article à ce sujet-là : La maternelle dans la forêt
Le feu de camp du vendredi
La plupart des maternelles disposent d’une hutte au sein de la cour, sous laquelle sera allumé un feu de camp de temps à autres. C’est en général l’activité du vendredi : ils en profitent pour chanter des chansons autour du feu, faire cuire des saucisses et du pain à hot-dog. Dans le programme d’enseignement comme dans le reste de la société danoise, on retrouve 2 concepts fondamentaux :
- le hygge bien sûr, qui évoque l’art d’être ensemble et de partager un moment cozy,
- mais aussi le friluftsliv : la vie en plein air, la vie à l’air libre.
Leurs jeunes années leur laisseront des souvenirs impérissables. Ils vont aussi acquérir des références communes et développer des relations humaines d’une vie entière !
Dès la crèche et la maternelle, l’éducation à la danoise se révèle bénéfique pour les enfants, gratifiante pour l’équipe pédagogique et réconfortante pour les parents. Un système au long cours qui donne le ton pour les années suivantes !

Tous les vendredis, c’est feu de camp à l’école maternelle de Mani au Danemark. Assis tous ensemble autour du feu, à faire cuire des hot-dogs : du « hygge » de haut niveau !
Les balades en ville
Plusieurs fois par semaine, les élèves partent en balade avec leur groupe : à pied, en métro ou même en vélo cargo ! Pas la peine de prévenir les parents 3 semaines avant ou requérir une autorisation X ou Y : on sait que les enseignants vont proposer des activités sympa, improviser en cours de route et stimuler les élèves, toujours dans le respect de leur sécurité. Quand on vient chercher les enfants le soir, on découvre qu’ils ont passé la journée dans une grande aire de jeux publique à proximité, sont allés voir passer les trains ou ont approché le château de la Reine. Le temps s’y prêtait, que voulez-vous !
Le jardinage façon Have til mave (« du jardin au ventre »)
Dans les grands parcs bordant la ville, les écoles maternelles ont souvent accès à de petits jardins potagers dédiés, au sein desquels les élèves apprendront à découvrir, cultiver et entretenir des légumes. Une fois par semaine, ils y vont avec leur groupe passer la journée à biner, bêcher, semer, arroser, brasser de la matière ! Et si le moment s’y prête, ils récolteront et dégusteront sur place le fruit de leur labeur. Ils en profiteront aussi pour jouer en plein air, grimper aux arbres, écouter les oiseaux, apprendre la langue de la nature : l’apprentissage par l’expérience et la découverte !

Au sein des jardins du château de Bernstorff, non loin de l’école, les élèves passent une journée par semaine à cultiver des plantes et légumes, qu’ils pourront déguster ensuite sur place !
La journée du jouet
D’autre part, une fois par semaine, tous les élèves peuvent apporter un jouet de chez eux à l’école. Pour eux, c’est un excellent exercice pour apprendre à partager ce qui leur appartient, et à prendre soin de leurs petites affaires. Cela participe à la formation de relations entre les enfants et à l’acquisition de compétences sociales, qui sont importantes pour le groupe et centrales pour la société danoise.
Les particularités du système éducatif danois
Les crèches et maternelles regroupées
Souvent, dans ce petit pays qu’est le Danemark, on crée souvent des « familles » éducatives constituées d’une crèche et d’une maternelle dépendant de la même administration ; on parle alors de Integreret institution (« institution intégrée »). Les entrées et les aires de jeux sont parfois communes, généralement séparées, mais la continuité est assurée pour les enfants inscrits dès la crèche : leur place est assurée à la maternelle, où ils retrouveront la plupart de leurs petits camarades. Un vrai confort aussi pour les parents, qui développent une relation de confiance durable avec les écoles.
La rentrée en maternelle est simplifiée pour l’enfant, qui a déjà construit des relations avec la plupart des élèves présents. Cela crée un sentiment de confiance et de sécurité, vraiment bénéfique à tous : les enfants bien sûr, mais aussi les enseignants et les parents ! Et ce format se révèle particulièrement intéressant pour les parents d’une fratrie, qui peuvent déposer leurs enfants au même endroit chaque matin.
Les classes tous âges mélangés
Chaque école maternelle est divisée en plusieurs classes mais qui ne sont pas constituées d’élèves du même âge. Chaque classe accueille donc des « mini » (3-4 ans), des « midi » (4-5 ans) et des « maxi »(5-6/7 ans). Des études ont révélé qu’une classe d’élèves d’âge différent leur permet de développer des références communes et de renforcer leur empathie, leur autonomie et leur confiance en soi. Ils n’ont pas à se comparer nécessairement aux autres enfants de leur âge dans leur processus de développement, l’acquisition de telles ou telles compétences étant spécifique à chaque enfant. L’apprentissage se fait donc au quotidien, au contact d’élèves plus petits et plus grands que soi. Fascinant !
Les handicaps légers
Bien des écoles danoises sont adaptées à l’accueil d’enfants présentant des handicaps légers et différentes formes d’autisme. Afin de pouvoir s’intégrer dans une structure classique, ces élèves aux besoins spéciaux bénéficient de l’accompagnement d’un adulte à la formation adaptée à ce suivi de près tout au long de la journée. Dès la primaire, le système scolaire n’exclut pas, il intègre. Cela fait partie de l’éducation des enfants et de leurs parents : donner à chacun la chance de révéler ses talents et compétences individuelles au sein d’un groupe d’élèves de tous âges et de toutes conditions.
Dans ce cas, une petite salle est réservée pour permettre à ces enfants de trouver des moments de calme, seuls ou avec leur accompagnant, lorsque le besoin se fait ressentir. Un vrai soutien du Ministère de l’éducation en matière de scolarité pour les familles d’enfants porteurs de ces types de handicap.
L’année bonus avant l’école primaire
Dans l’éducation danoise, il est important de respecter le rythme de l’enfant. Le stresser, le presser n’apportera rien de bon. Simple. Du coup, ils préfèrent que les enfants commencent le CP lorsqu’ils sont totalement prêts. Si les enseignants estiment que l’enfant n’est pas encore à même de le faire, il sera conseillé aux parents d’accorder une année de plus en maternelle à l’enfant. Le Ministère de l’éducation soutient la possibilité pour l’enfant de rester en maternelle jusqu’à ses 7 ans si besoin.
La décision finale revient aux parents. Mais difficile de ne pas faire confiance aux recommandations avisées des enseignants ayant souvent suivi l’évolution de votre enfant depuis la crèche Ils vont vérifier chez le bambin l’acquisition de différentes facultés : la capacité de concentration, le niveau de langue, la précision de la motricité fine, l’apprentissage de compétences sociales, etc.
Au Danemark, cette année en plus n’est absolument pas présentée, vue ni vécue comme un échec, mais plus comme une véritable chance, une offre d’éducation sur-mesure ! On retrouve d’ailleurs cette possibilité de prendre des années de transition à plusieurs moments-clefs du parcours d’éducation. Peut-être le sujet d’un prochain article de blog ?
Et si on allait plus loin ?
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En tout cas, en l’écrivant, je me suis vraiment rendue compte du caractère exceptionnel du système éducatif danois. L’État et la société garantissent l’épanouissement des familles, en laissant les élèves progresser à leur rythme, afin que les adultes de demain évoluent dans les meilleurs conditions possibles. L’un dans l’autre, les écoles danoises nous offrent une recette d’éducation de classe internationale : un plein de bonnes idées à transplanter en l’état dans l’enseignement et la scolarité français !
Si vous souhaitez vous inspirer du système éducatif danois pour vos programmes d’enseignement, n’hésitez pas à nous contacter par mail. Un sujet important et à suivre de près